Test3
UNE MÈRE
(CONTE IMITÉ D’ANDERSEN)
Une mère était assise près du berceau de son enfant. Il n’y avait qu’à la regarder pour lire sur sa physionomie qu’elle était en proie à la plus vive douleur.
L’enfant était pale, ses yeux étaient fermés, il respirait difficilement, et chacune de ses aspirations était profonde comme s’il soupirait.
La mère tremblait de le voir mourir, et regardait le pauvre petit être avec une tristesse déjà muette comme le désespoir.
On frappa trois coups à la porte.
-Entrez, dit la mère.
Et, comme on avait ouvert et refermé la porte, et que cependant elle n’entendait point le bruit des pas, elle se retourna.
Alors elle vit s’approcher un pauvre vieillard, le corps à moitié enveloppé, dans une couverture de cheval.
C’était un triste vêtement pour qui n’en avait pas d’autre. L’hiver était rigoureux ; derrière les vitres blanchies et ramagées par le givre, il faisait dix degrés de froid et le vent coupait le visage.
Le vieillard était pieds nus ; c’était sans doute pour cela que ses pas ne faisaient pas de bruit sur le parquet.
Comme le vieillard tremblait de froid, et que, depuis qu’il était là, l’enfant paraissait dormir plus profondément, la mère se leva pour ranimer le feu du poêle. Le vieillard s’assit à sa place et se mit à bercer l’enfant, en chantant une chanson mortellement triste dans une langue inconnue.
-N’est-ce pas que je le conserverai ? dit la mère en s’adressant à son hôte sombre.
Celui-ci fit de la tête un signe qui ne voulait dire ni oui ni non, et de la bouche un sourire étrange.
La mère baissa les yeux, de grosses larmes coulèsent sur ses joues, sa tête tomba sur sa poitrine. Il y avait trois jours et trois nuits qu’elle n’avait ni dormi ni mangé !
Son front devint si lourd, qu’un instant elle s’assoupit malgré elle ; mais bientôt elle se réveilla en sursaut et toute glacée.